Quelques chanceux ont pu découvrir entre le 31 mars et le 3 août 2015 une exposition consacrée à Jean-Paul Gaultier au Grand Palais de Paris. Cet événement était bien la preuve qu’un couturier a sa place au musée, au même titre que Velasquez, qui côtoyait l’« enfant terrible de la mode » à quelques pas seulement. Le vêtement et l’accessoire méritent donc d’être admirés, critiqués et intériorisés au même titre qu’un tableau. Cependant, Jean-Paul Gaultier ne souhaitait pas faire de la présentation une rétrospective de son œuvre, encore moins un hommage à ses – tout de même – 40 ans de carrière. Il préférait la concevoir comme une sorte de mise à l’honneur du foisonnement de sa créativité.
L’exposition, élaborée en 2011 à Montréal en collaboration avec la maison, s’était déjà installée dans de grandes métropoles, comme San Francisco, Madrid, Stockholm, New York, Londres ou encore Melbourne, et avait ainsi conquis un million et demi de visiteurs, avant de poser ses valises dans la Ville Lumière. L’occasion de contempler près de 175 ensembles, crées entre 1970 et 2013, portés par des mannequins à l’allure presque vivante (visages animés, perruques, effets sonores…), et sublimés par la présence virtuelle des muses de Gaultier, comme Catherine Deneuve ou Madonna.
L’exposition se divisait selon les thématiques dictées par chaque grande collection du créateur : Odyssée, Punk Cancan, Salon Cosy, Classé X ou encore Jungle Urbaine. Novices comme familiers pouvaient ainsi retrouver des pièces phares revisitées par le couturier, comme la marinière, le corset ou le kilt. Pour appuyer la réflexion, l’observateur pouvait se pencher sur différents croquis, archives, extraits vidéo et photographies de mode, dont certaines d’Andy Warhol, de Pierre et Jean ou de Robert Doisneau, entre autres.
Avec la profusion des images médiatiques, venir au contact même de la mode était une chose assez inédite pour le grand public. Pour une fois, la haute couture ne se cachait pas dans un magazine, un défilé inaccessible ou une présentation commerciale. Jean-Paul Gaultier est ainsi le premier à avoir permis au plus grand nombre d’accéder à la réalité du métier de couturier. En témoigne son petit ours en peluche, Nana, présenté en début de parcours, qu’il avait habillé étant enfant d’un soutien-gorge conique en papier journal.
S’il n’aime pas être qualifié d' »artiste », Jean-Paul Gaultier s’est bel et bien frayé un chemin dans le monde de l’art, en célébrant la différence, y compris dans la manière de disposer de son travail. Nous on dit « chapeau… l’artiste ! »
Manon Rondeau
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